Les fans du premier volet avec Schwarzy attendaient de pied ferme ce nouvel opus. 23 ans après. Point important à souligner, il ne s’agit en aucun cas d’un remake, mais bel et bien d’une suite. Avec Rodriguez aux manettes, un prometteur réalisateur à la mise en scène, et l’excellent Adrien Brody au générique, on pouvait même se permettre d’en saliver d’avance. Mais la déception est finalement à la hauteur de l’attente. Plombé par un scénario indigne de ce nom qui s’enlise dans les clichés, « Predators » ne décolle jamais vraiment. Et c’est bien dommage. Nous voici avec un nouvel opus mettant en scène ces horribles chasseurs venus d’on ne sait où, que sont les Predators. Robert Rodriguez, auteur des excellents « Une nuit en enfer » et « Planète terreur », en signe le scénario et assure la production, pendant que Nimrod Antal, réalisateur d’origine hongroise encore inconnu du grand public (mais ses deux premiers films, « Kontroll » et « Motel » méritent vraiment le détour, surtout le premier), se charge de mettre tout ça en boîte. Et force est de constater que le niveau d’ensemble ne tient pas vraiment le pavé. Le gros défaut de ce film est incontestablement le scénario de Rodriguez, qui se révèle être très pauvre. Psychologie des personnages bâclée, intrigue construite sur une base vue et revue, et répliques super clichés, parfois même drôles sans le vouloir. Sans oublier quelques incohérences. Il y manque le zest d’humour décalé et de second degré que l’on est en droit d’attendre dans toutes bonnes "série B", et auquel le réalisateur de « Desperado » nous avait habitué. Mais bon, ce n’est pas la première fois non plus que ce-dernier passe complètement au travers. ce script ne nous offrira pas grand-chose de bien excitant. Peu de surprises, les idées intéressantes se font rares, et pas besoin d’être devin pour vite savoir qui va s’en tirer vivant à la fin. Et puis tout est beaucoup trop calqué sur le premier, et le film se gave de références et de clins d’œil, qui confine bien plus au plagiat qu’à l’hommage qu’il tente vainement de rendre. Rien de bien neuf à l’horizon, même décor pour le déroulement de l’action, l’esthétisme visuel est quasiment le même, et la B.O. presque identique. Rodriguez n’est pas un pote de Tarantino pour rien. Outre une très belle culture vidéo-club, le cinéaste qu’il devrait être ne reste qu’un cinéphile qui fait des films. Son « Predators » n’atteint jamais l’intensité ultra-nerveuse de celui de McTiernan, dont le final était, souvenez-vous, grandiose. Et pour tout dire, ici les monstres-chasseurs sont bien moins inquiétants et effrayants, mais si ils ont quand même de la gueule. Les efforts fait par Antal à la réalisation ne parviennent pas à tout sauver. Le jeune américo-hongrois fait preuve de beaucoup de bonne volonté pour donner du rythme, insuffler de l’action. Bonne utilisation de son cadre de travail qu’est la jungle, affrontements musclés avec les Predators et scènes d’action explosives. Mais Antal ne se montre jamais vraiment inventif ou original, et à cause de ça, le moteur cale plusieurs fois en cours de route, après une entame qui ne part pas trop mal pourtant, placée sous le signe du mystère, et destinée à créer la tension. Mais là encore, les références et/ou le déjà-vu sont présents. Oui, des inconnus à l’histoire trouble qui se réveillent paumés au beau milieu de nulle part, on peut tout de suite penser à la série TV phénomène « Lost », ou même, à un degré moindre, à « Cube ». Et puis que viennent faire là ces espèces de bêtes à cornes ressemblant à de ridicules chiens de l’espace ? Ou encore tous ses vaisseaux et autres objets spatiaux ? Je sais que ce film contient une grosse part de SF mais quand même, là il creuse un peu trop de ce côté à mon goût ! Peut-être qu’il y avait un surplus de fric à claquer dans le budget, je sais pas. En tout cas, par rapport aux deux premiers épisodes, celui-ci est également moins violent, sans doute rendu plus exsangue par une production 200% hollywoodienne, destiné à toucher un public large, et dont la petite morale à laquelle nous avons le droit au passage, est que beaucoup d’être humains sont aussi de dangereux prédateurs, qui ne valent pas mieux que les bêbêtes qu’ils combattent. Profond, n'est-ce pas ?